Chouchana la mite.
À tire larigot et à tue-tête, pour le meilleur et pour le
pire, Chouchana est une mite, mais alors une toute petite mite.
Papillonnant entre les étagères, les armoires, les commodes
et toutes sortes de placards, elle ne peut pas s’empêcher de mordre à tous les
râteliers.
Et même si elle n’est qu’une toute petite mite, elle happe,
elle gobe, elle mâche, et elle n’en a jamais assez.
Elle dévore, encore et encore. Du coton, de la soie, des
graines de tournesol, et puis des cerneaux de noix.
Elle a beau semer la panique dans les cuisines et répandre la
détresse dans les garde-robes, rien ne l’arrête, pas même les répulsifs à la
lavande ou les pièges en ruban adhésif.
Elle fait hurler les ménagères, pleurer les midinettes, frémir
les chefs, et même trembler les vieux garçons.
Mais rien n’y fait : il faut qu’elle dévore, qu’elle
déchire, et qu’elle morde encore.
Un jour peut-être, quand elle parviendra à se reproduire, la
maternité lui fera pousser d’autres ailes, et elle aura un peu moins faim.
Mais pour le moment, son ventre creux réclame justice, sa
frustration crie famine, et elle ne pense qu’à faire le plein, en plein au cœur
de son bidon.
À tire larigot et à tue-tête, pour le meilleur et pour le
pire, Chouchana est une mite, mais alors une toute petite mite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire