CHÈRES PUPILLES, MIRETTES, LENTILLES, ET AUTRES PAIRES DE LUNETTES,

Si les mots vous parlent un tant soit peu, que ce soit par conviction littéraire, par devoir professionnel ou par engouement stylistique, vous trouverez ici une myriade d'échantillons plus ou moins substantiels, laconiques ou étoffés, toujours digestes et bien tempérés, voués à alimenter votre bonheur de lire et / ou votre besoin de faire rédiger.

mardi 18 septembre 2012

CHIENNE DE VIE.
Bestiaire mélodramatique futile et désemparé.













Chouchana la mite.
À tire larigot et à tue-tête, pour le meilleur et pour le pire, Chouchana est une mite, mais alors une toute petite mite.
Papillonnant entre les étagères, les armoires, les commodes et toutes sortes de placards, elle ne peut pas s’empêcher de mordre à tous les râteliers.
Et même si elle n’est qu’une toute petite mite, elle happe, elle gobe, elle mâche, et elle n’en a jamais assez.
Elle dévore, encore et encore. Du coton, de la soie, des graines de tournesol, et puis des cerneaux de noix.
Elle a beau semer la panique dans les cuisines et répandre la détresse dans les garde-robes, rien ne l’arrête, pas même les répulsifs à la lavande ou les pièges en ruban adhésif.
Elle fait hurler les ménagères, pleurer les midinettes, frémir les chefs, et même trembler les vieux garçons.
Mais rien n’y fait : il faut qu’elle dévore, qu’elle déchire, et qu’elle morde encore.
Un jour peut-être, quand elle parviendra à se reproduire, la maternité lui fera pousser d’autres ailes, et elle aura un peu moins faim.
Mais pour le moment, son ventre creux réclame justice, sa frustration crie famine, et elle ne pense qu’à faire le plein, en plein au cœur de son bidon.
À tire larigot et à tue-tête, pour le meilleur et pour le pire, Chouchana est une mite, mais alors une toute petite mite.

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