Chère Christine Angot,
Vous observer ou vous écouter m’insupportent, au point
d’avoir vécu jusqu’ici dans le mépris de votre vécu et de vos écrits.
Il m'a ainsi fallu cette « semaine de vacances »
pour m’accorder la générosité de vous acquérir, la curiosité de vous lire, et
la liberté de vous commenter.
J’ai entrepris de vous parcourir, d’une seule traite,
jusqu’à la lie.
Je me suis accommodée du désir primaire et dégoûtant que
vous avez réussi à me communiquer.
Je me suis brisée sous le poids des quatre lettres du père
que vous avez si impérieusement balancé.
Courageuse et tenace, j’ai ingéré chaque mot, avalé chaque
phrase, m’accrochant moins à la réalité de votre inceste qu’à ma volonté d’en
finir le plus rapidement possible, avec lui, avec vous, avec moi-même.
Vous avez été odieusement juste, limpide, sereine, et
impitoyable.
Et je n’ai rien compris.
Sauf peut-être pourquoi vous m’insupportez tant, pourquoi je
vous trouve raide, engoncée, venimeuse ; à la fois trop hors de vous, et pas assez.
Sauf peut-être combien je n’en reste pas moins libre, ne
serait-ce que de faire avec ou sans vous.
Chère Christine Angot,
Je suis incapable de vous dire que je vous aime, mais quoi
que j’en pense, je ne peux plus me permettre de vous détester.
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