CHÈRES PUPILLES, MIRETTES, LENTILLES, ET AUTRES PAIRES DE LUNETTES,

Si les mots vous parlent un tant soit peu, que ce soit par conviction littéraire, par devoir professionnel ou par engouement stylistique, vous trouverez ici une myriade d'échantillons plus ou moins substantiels, laconiques ou étoffés, toujours digestes et bien tempérés, voués à alimenter votre bonheur de lire et / ou votre besoin de faire rédiger.

samedi 28 juillet 2012

TICKET AVEC CORRESPONDANCE.













Cher Xavier Dolan,

D’abord, vous n’avez rien à voir avec Christopher Nolan, celui avec lequel, déculturée que je m'assume, je vous confondais.

Ensuite, évidemment, Laurence, anyways.

Moi qui voulais mépriser Melvil, qui pensais à la fois me divertir et m’ennuyer, je me serais damnée pour devenir la soie de sa chemise, le crin de sa brosse à cheveux, le rebord de sa coupe en cristal, ou le jacquard de son pullover.

Je m’étais tout au plus attendue à Laurence, à l'introspection ou à l’inconfort.

Certainement pas à Fred, torrent flamboyant et électrique, jaillissant dans le vrai et sur le vif, avec du sel, de la guimauve, du gravier, et de la nausée.

Vous m’avez retournée comme un pancake, remise à l’endroit où je n’avais pas prévu d’aller, puis abandonnée comme une serviette humide, dans laquelle vous auriez, trois heures durant, saigné, pleuré, transpiré et craché.

Comme un fantôme foudroyé d'empathie et de manque, j’ai titubé sur la route de mon retour, incapable de me fixer sur autre chose que le mouvement régulier et graphique de mes tongs, par-dessus le gris-bleu des pavés.

Évidemment, je suppose que je n’ai encore rien vu de vous. Alors je vais vous espérer sans vous attendre, et sans nul doute, je vais vous adorer.

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