CHÈRES PUPILLES, MIRETTES, LENTILLES, ET AUTRES PAIRES DE LUNETTES,

Si les mots vous parlent un tant soit peu, que ce soit par conviction littéraire, par devoir professionnel ou par engouement stylistique, vous trouverez ici une myriade d'échantillons plus ou moins substantiels, laconiques ou étoffés, toujours digestes et bien tempérés, voués à alimenter votre bonheur de lire et / ou votre besoin de faire rédiger.

jeudi 26 juillet 2012

FAMINE D'ACCUEIL.
Les mésaventures de Zouzou
au paradis de l’adoption.














Épisode 1 / Chez les Lambert.
Sur le rebord de la route vers la SPA, les Lambert ont flashé sur le joli nez en trompette et les pommettes rebondies de la pimpante Zouzou, et ils l'ont prise en auto-stop, puis en week-end. Ils lui ont offert un cornet de glace trois boules, une jolie robe fleurie, une promenade au parc, un gigot rosé avec pommes dauphines et flageolets en purée, et puis une bonne nuit de sommeil dans la chambre d'amis. Au petit-déjeuner du lendemain, Zouzou leur a tartiné quelques bribes de son enfance par-dessus des toasts croustillants et dorés, et les Lambert en robe de chambre ont mastiqué consciencieusement leur vision de la petite, tantôt échouée sur la tombe d'une mère moisie, tantôt abattue sur les genoux d'un père meurtri. Madame Lambert a soupiré un « Oh la la, ma choupette ! ». Monsieur Lambert a bredouillé un « Seigneur-Dieu, ce que ça peut-être cruel, la vie ! ». Puis tous deux ont serré leur nouvelle enfant très très fort dans leurs bras pour étouffer sa détresse, anéantir sa douleur et étrangler son chagrin. Et c'est là que le Saint Père a dit à Zouzou, « Ne t'inquiètes pas gamine, une vie pourrie de perdue, c'est au moins dix renaissances heureuses à envisager ».

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